Chroniques sans chute

 

Cher·Úrexs lecteur·icexs,

Les Chroniques sans chute vous invitent chaque semaine Ă  plonger au cƓur des enjeux de l’industrie textile moderne. Ensemble, nous explorerons les dĂ©fis et les dilemmes qui se posent Ă  la mode aujourd’hui : des champs de coton indiens aux plages africaines, des risques sanitaires aux impacts environnementaux. Au travers de diffĂ©rentes altenatives Ă  adopter au quotidien, nous dĂ©couvrions aussi comment la mode, Ă  la fois reflet de notre culture et miroir de nos choix, peut Ă©voluer vers un futur plus responsable.

Ne manquez pas ce rendez-vous, oĂč chaque article est une invitation Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  sa façon de consommer. Parce qu’au fond et pour remettre au goĂ»t du jour la citation d’une cĂ©lĂšbre couturiĂšre, la sobriĂ©tĂ© ne serait-elle pas la clĂ© de l’élĂ©gance ?

Alessandra

 

En cas de questions, n’hĂ©sitez pas Ă  m’Ă©crire Ă  l’adresse mail dĂ©diĂ©e Ă  celles-ci :
chroniques@histoiresanschute.ch.

Sommaire

0. Les sept péchés de la fast fashion
1. L’illusion des matiĂšres naturelles
2. Le macro-problĂšme des microplastiques
3. Rien de noble dans l’ennoblissement
4. Une histoire non sans chute
5. Une vie ou un jean ?
6. Une mode mondiale
7. Et aprĂšs… ?
8. Mieux et moins
9. Des enjeux universels
10. Outroduction

0. Les sept péchés de la fast fashion

Avant de commencer, mettons-nous d’accord : qu’est-ce que la fast fashion ? Cette pratique industrielle consiste Ă  renouveler les collections le plus rapidement possible pour un maximum de rendement, tout en nĂ©gligeant la qualitĂ© des vĂȘtements et des modes de production. Bien que ce marchĂ© puisse parfois sembler avantageux aux yeux des consommateur·icexs, la basse qualitĂ© textile alimente une boucle : si les habits ont une durĂ©e de vie Ă©courtĂ©e, alors il faut en acheter de nouveaux plus souvent. Ces pratiques de consommation forment une menace Ă  bien des Ă©gards. Loin de se vouloir moralisatrice, cette chronique prĂ©sente les mauvaises habitudes adoptĂ©es par nos sociĂ©tĂ©s modernes et une industrie toute entiĂšre, ceci afin d’aider les lecteur·icexs Ă  une prise de conscience des problĂšmes et leurs solutions.

DĂšs le dĂ©but de la chaĂźne de production, le premier pĂ©chĂ© de l’industrie fast fashion rĂ©side dans sa culture intensive des matiĂšres premiĂšres naturelles, d’origine aussi bien vĂ©gĂ©tale qu’animale. Tandis que ces premiĂšres sont extrĂȘmement demandeuses en eau et causent des dĂ©gĂąts sur la richesse des sols en raison des monocultures, les secondes forment une tragĂ©die du point de vue Ă©thique. Les fibres textiles chimiques constituent une alternative Ă  ces fibres textiles naturelles, mais sont toutefois Ă  l’origine de 35 % des microplastiques libĂ©rĂ©s dans les ocĂ©ans : et voici le deuxiĂšme pĂ©chĂ©. IndĂ©pendamment de leur nature, toutes les matiĂšres premiĂšres subissent diffĂ©rents traitements chimiques afin d’ĂȘtre transformĂ©es en matiĂšre textile. Ces procĂ©dĂ©s sont regroupĂ©s sous le terme d’ennoblissement, le troisiĂšme pĂ©chĂ© de la fast fashion. Une fois la matiĂšre textile prĂȘte, le vĂȘtement peut enfin ĂȘtre confectionnĂ©. Au cours de ce quatriĂšme pĂ©chĂ©, d’innombrables chutes de textiles sont perdues et jetĂ©es sans jamais avoir Ă©tĂ© exploitĂ©es. PrĂ©cisons que les conditions de travail dans lesquelles les ouvrier·Úrexs opĂšrent sont insalubres et inhumaines : et de cinq pĂ©chĂ©s. Aussi, les piĂšces issues de la fast fashion sont de vraies globe-trotters ! Tout au long de leur vie, elles sont emballĂ©es et transportĂ©es plusieurs fois Ă  travers la planĂšte. Ces tours du monde rĂ©pĂ©tĂ©s constituent le sixiĂšme pĂ©chĂ© de la fast fashion. En bout de chaĂźne, une fois le vĂȘtement portĂ©, la majoritĂ© des piĂšces finissent brĂ»lĂ©es dans une usine d’incinĂ©ration ou transportĂ©es dans les pays en voie de dĂ©veloppement, oĂč certaines plages sont transformĂ©es en dĂ©chetteries Ă  ciel ouvert. C’est ainsi que nous arrivons au septiĂšme pĂ©chĂ©. Le compte est bon.

La vraie question est maintenant de savoir comment est-il possible d’agir ? Ces derniĂšres annĂ©es, de plus en plus d’alternatives telles qu’Histoire sans chute ont vu le jour. Ces initiatives, en opposition Ă  la fast fashion, font partie d’un mouvement de slow fashion. Dans les semaines Ă  venir, nous plongerons au cƓur de chacun des sept pĂ©chĂ©s de la fast fashion et dĂ©couvrirons ensemble les solutions existantes pour Ă©voluer vers un monde plus durable.

1. L’illusion des matiùres naturelles

Les fibres textiles naturelles, en opposition Ă  celles chimiques que nous aborderons dans une prochaine chronique, forment historiquement la premiĂšre ressource employĂ©e par les ĂȘtres humains pour se vĂȘtir. Bien que naturelle, cette matiĂšre premiĂšre soulĂšve des problĂ©matiques bien distinctes selon son origine, qui peut ĂȘtre aussi bien vĂ©gĂ©tale qu’animale.

Lorsqu’elle est d’origine vĂ©gĂ©tale, la fibre textile est extraite des graines, de la tige, des feuilles, de l’écorce ou des fruits d’une plante. Le coton remporte (de trĂšs loin) la palme d’or de la fibre naturelle la plus employĂ©e dans le secteur du textile : sa production mondiale en 2020/2021 est estimĂ©e Ă  24,1 millions de tonnes ! Pour satisfaire cette demande astronomique, le coton est majoritairement cultivĂ© en monocultures, une pratique qui consiste Ă  cultiver exclusivement une seule espĂšce vĂ©gĂ©tale sur une parcelle de terrain donnĂ©e. Ce procĂ©dĂ© favorise la propagation rapide de maladies et d’organismes nuisibles (problĂšme partiellement rĂ©solu par l’utilisation intensive de pesticides et d’OGM
) et dĂ©grade les sols en Ă©puisant leurs nutriments. Le coton est aussi une plante difficilement recyclable et trĂšs demandeuse en eau. Ainsi, l’empreinte eau moyenne de la fabrication de coton est de 10’000 litres par kilogramme, soit prĂšs de 60 bains. Pour 1 kilogramme de coton


La matiĂšre d’origine animale, quant Ă  elle, provient de la peau, des poils (p.ex. la laine), des plumes et mĂȘme des sĂ©crĂ©tions de nos amis Ă  quatre pattes. Avant de poursuivre, commençons par un petit disclaimer : les lignes qui suivent ne sont pas des plus faciles Ă  lire, elles ont Ă©tĂ© dures Ă  Ă©crire. Bien que ces enjeux soient cruciaux (il en va de la vie d’ĂȘtres vivants !), ils sont abordĂ©s ici de maniĂšre superficielle afin d’Ă©viter de trop heurter la sensibilitĂ© de chacun·ex. Maintenant que vos cƓurs et vos esprits sont prĂȘts Ă  lever les mythes qui entourent ce mode de production, sachez que non, la matiĂšre animale utilisĂ©e dans l’industrie de la mode ne provient pas des « restes d’animaux agricoles de toute façon abattus pour leur viande ». Comme il est primordial de ne pas dĂ©tĂ©riorer leur peau/fourrure, les animaux Ă©levĂ©s dans de minuscules cages ou chassĂ©s au collet sont gĂ©nĂ©ralement battus jusqu’à la mort. Au regard des plumes et ses poils, ce sont des fibres ne demandant pas nĂ©cessairement l’abattage de l’animal. Toutefois, pour satisfaire une demande toujours croissante, ce dernier est entassĂ© avec ses congĂ©nĂšres dans des conditions de vie insalubres et torturĂ© au moment de rĂ©colter la matiĂšre premiĂšre. D’autres matiĂšres telles que la soie sont obtenues Ă  partir de sĂ©crĂ©tions animales, oĂč les vers Ă  soie sont Ă©bouillantĂ©s vivants afin de pouvoir rĂ©colter la fibre de soie (leur salive) sans qu’elle ne soit dĂ©tĂ©riorĂ©e. Finalement, sachez que ces enjeux concernent aussi bien les grandes maisons de luxe que les produits de magasins premiers prix : la chertĂ© du produit ne fait malheureusement pas son Ă©thique.

Comment agir ?
Voici une liste non exhaustive de conseils Ă  appliquer.

  • Le lin et le chanvre sont les fibres naturelles d’origine vĂ©gĂ©tale par excellence, car elles sont peu demandeuses en eau et trĂšs rĂ©sistantes sans traitements chimiques (une propriĂ©tĂ© rare). BiodĂ©gradables et respirantes, elles sont aussi excellentes pour la santĂ© de votre peau.
  • Si toutefois vous deviez consommer du coton, privilĂ©giez le coton biologique certifiĂ© GOTS ou labĂ©lisĂ© OEKO-TEX. La planĂšte et votre santĂ© s’en porteront bien mieux !
  • L’AsclĂ©piade et le Kapok (issus des fruits de l’asclĂ©piade ou du kapokier) sont des exemples d’alternatives naturelles vĂ©gĂ©tales aux matiĂšres d’origine animale. La soie blanche d’asclĂ©piade est isolante, hydrophobe, imputrescible, hypoallergĂ©nique, antibactĂ©rienne et absorbante. Les fibres naturelles de Kapok sont quant Ă  elles particuliĂšrement lĂ©gĂšres, impermĂ©ables et imputrescibles, ce qui les rend idĂ©ales pour toute sorte de rembourrage Ă  la place du duvet.
  • Le Piñatex, le Cactuskin, le Tencel ou la Viscose (produits Ă  partir de dĂ©chets d’ananas, feuille de cactus ou pulpe de bois !) sont des exemples d’alternatives artificielles aux matiĂšres d’origine animale. Ces options vĂ©gĂ©taliennes sont de plus en plus prisĂ©es des grands noms de la Fashion Week, avec le lancement en 2016 du « Prix de la mode vĂ©gane ».
  • Nylon, polyester et autres matiĂšres synthĂ©tiques sont des alternatives cruelty free trĂšs rĂ©pandues. Elles ne sont toutefois pas idĂ©ales pour notre planĂšte, nous en parlerons dans une prochaine chronique.
  • Bien entretenues, les matiĂšres d’origine animale ont une durĂ©e de vie remarquable. La seconde main et l’upcycling, en plein essor en Europe et Ă  GenĂšve, sont ainsi une excellente option Ă  considĂ©rer au lieu du neuf : cela Ă©vite Ă  de nouvelles bĂȘtes de souffrir.

A votre tour de jouer !
Participez à notre questionaire 1 en bas de cette page 😉

2. Le macro-problĂšme des microplastiques

Comme briĂšvement abordĂ© Ă  la chronique prĂ©cĂ©dente, il existe une seconde grande famille de matiĂšres textiles : les fibres textiles chimiques. Leur histoire dĂ©bute au dĂ©but du XXe siĂšcle, lorsque la demande croissante en matĂ©riaux textiles conduit Ă  la recherche de solutions innovantes. Depuis leur apparition, elles jouent un rĂŽle crucial dans l’industrie textile moderne, proposant une alternative aux fibres naturelles. Les fibres chimiques se divisent en deux catĂ©gories principales. D’une part, les fibres synthĂ©tiques (p.ex. polyester, polyamide (nylon) et Ă©lasthanne) sont entiĂšrement crĂ©Ă©es par des procĂ©dĂ©s chimiques Ă  partir de pĂ©trole. Rien qu’en 2023, 71 millions de tonnes de polyester ont Ă©tĂ© produites ! D’autre part, les fibres artificielles (p.ex. viscose, piñatex et lyocell) sont dĂ©rivĂ©es de matiĂšres premiĂšres naturelles, qui subissent une transformation chimique pour obtenir une « pĂąte » filable. Les fibres chimiques, principalement apprĂ©ciĂ©es pour leur extensibilitĂ© et leur facilitĂ© d’entretien, sont souvent mĂ©langĂ©es Ă  des fibres naturelles (comme le coton ou la laine) afin d’amĂ©liorer les propriĂ©tĂ©s textiles du produit final. Cependant, elles prĂ©sentent deux dĂ©fauts notables : les solvants utilisĂ©s dans le processus de fabrication des fibres et les microplastiques.

Les solvants, toxiques et en contact direct avec notre peau, sont rejetĂ©s dans les eaux usĂ©es et l’air lors de chaque lavage. Nous approfondirons les consĂ©quences de tels dĂ©chets lors d’une prochaine chronique, mais il va sans dire que ces produits chimiques sont nocifs pour l’environnement, la biodiversitĂ©, la santĂ© des ouvrier·Úrexs textiles et celle des consommateur·icexs. Tout comme le sont les microplastiques.

Mais c’est quoi au juste, les microplastiques ? Ce sont de petites particules invisibles (<5 mm) libĂ©rĂ©es dans notre environnement de maniĂšre primaire (p.ex. les paillettes dans nos cosmĂ©tiques) ou secondaire, par la dĂ©gradation de gros dĂ©chets plastiques en fragments microscopiques. Pour mieux visualiser l’ampleur du problĂšme, regardons quelques chiffres. Entre 16 et 35% des microplastiques secondaires proviennent des textiles synthĂ©tiques, ce qui reprĂ©sente entre 200 000 et 500 000 tonnes de plastique chaque annĂ©e : prĂšs de 15 millions de bouteilles ! A l’échelle d’une seule lessive, plus de 700 000 microfibres textiles sont rejetĂ©es dans les eaux usĂ©es. La majoritĂ© de ces micro-dĂ©chets sont libĂ©rĂ©s lors des premiers lavages, lorsque le produit est fraichement sorti de l’usine. En raison de la mauvaise qualitĂ© des piĂšces de fast fashion, celles-ci sont responsables de l’écrasante majoritĂ© des rejets. Une part importante de microplastiques est Ă©galement libĂ©rĂ©e dans l’air, au cours du sĂ©chage et du port des vĂȘtements. En consĂ©quence, on retrouve des microplastiques dans un large Ă©ventail d’aliments et de boissons destinĂ©s Ă  notre consommation. CrustacĂ©s, eau potable, sel, sucre et biĂšre pour ne citer qu’eux. RĂ©sultat : chaque annĂ©es, un individu moyen ingĂšre et inhale entre 74 000 et 121 000 fragments de plastique ! Bien que les consĂ©quences d’une telle exposition soient difficiles Ă  Ă©valuer, la littĂ©rature scientifique suggĂšre toxicitĂ©, rĂ©actions inflammatoires et effets nĂ©fastes sur le systĂšme immunitaire. On sait aussi que les microplastiques sont vecteurs de microbes et d’agents pathogĂšnes.

Comment agir ?
Voici une liste non exhaustive de conseils Ă  appliquer.

  • RĂ©duisez la frĂ©quence de lavage de vos vĂȘtements, voici des valeurs indicatives pour vous aider :

Sous-vĂȘtements : aprĂšs chaque utilisation ;
Soutien-gorge : aprÚs 7 utilisations ;
VĂȘtements de sport : aprĂšs 1 utilisation ;
Pyjamas : aprĂšs 7 utilisations ;
Tops en coton ou en soie : aprĂšs 4 Ă  5 utilisations ;
Robes : aprĂšs 4 Ă  6 utilisations ;
Pulls en laine : aprĂšs 15 utilisations si besoin, mais loin d’ĂȘtre indispensable ;
Jeans : aprĂšs 15 Ă  30 utilisations (selon les conditions extĂ©rieures, la transpiration, l’état de salissure
) ;

  • PlutĂŽt que de laver votre linge Ă  cause de lĂ©gĂšres odeurs (tabac, parfum
), aĂ©rez-le dans une piĂšce ventilĂ©e ou en extĂ©rieur, utilisez un dĂ©sodorisant pour textile ou choisissez-le programme « RafraĂźchir » proposĂ© par certaines machines Ă  laver.
  • Choisissez des produits naturels (savon de Marseille, bicarbonate de soude, terre de SommiĂšres
) adaptĂ©s selon la nature de la tache pour vous en dĂ©barrasser de façon optimale.
  • En cas de poussiĂšre ou de poils d’animaux, prĂ©fĂ©rez l’utilisation d’une brosse adhĂ©sive pour vĂȘtements plutĂŽt que de lancer votre lave-linge.
  • Les cycles de lavage longs et Ă  tempĂ©rature Ă©levĂ©e ont tendance Ă  endommager la structure du textile, ce qui entraĂźne des niveaux relativement Ă©levĂ©s de libĂ©ration de microfibres. Favorisez autant que possible des cycles de lavage courts et Ă  tempĂ©rature basse, ils permettent Ă©galement de rĂ©duire votre facture d’eau et d’électricitĂ©.
  • La lessive en poudre provoque le rejet de plus de microplastiques que la lessive liquide, la poudre ayant un effet abrasif et endommageant les fibres. CrĂ©ez Ă  la place votre propre lessive liquide Ă  partir d’eau, savon de Marseille, bicarbonate de soude et huiles essentielles. Sans produits chimiques, elle est meilleure pour votre santĂ©, Ă©conome et tout aussi efficace !
  • L’utilisation d’assouplissant rĂ©duit la perte de microfibres en rĂ©duisant la friction et l’endommagement des fibres pendant le lavage. Vous pouvez le fabriquer maison Ă  partir de glycĂ©rine vĂ©gĂ©tale, vinaire blanc et eau. Comme pour la lessive maison, tout le monde y gagne !
  • Le maĂźtre mot est toujours d’acheter moins, mais mieux, en choisissant des matiĂšres respirantes pour Ă©viter les lavages frĂ©quents.

A votre tour de jouer !
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3. Rien de noble dans l'ennoblissement

Avant d’atterrir dans nos garde-robes, absolument tous les cuirs, toutes les fibres textiles filĂ©es (« fils ») et toutes les matiĂšres textiles (« Ă©toffes », « tissus »*) subissent un ensemble de pratiques destinĂ©es Ă  amĂ©liorer les caractĂ©ristiques du produit final. Cette Ă©tape, l’ennoblissement textile, regroupe de trĂšs nombreux procĂ©dĂ©s rĂ©partis en 3 grands domaines : le prĂ©traitement, la coloration et les apprĂȘts. Le prĂ©traitement (par exemple dĂ©sencollage, blanchiment ou feutrage) consiste Ă  Ă©liminer toutes les impuretĂ©s et produits Ă©trangers de la matiĂšre. Suite Ă  cela, diffĂ©rents types de colorations (par exemple teinture ou impression) ou d’apprĂȘts peuvent ĂȘtre appliquĂ©s sur l’étoffe. Les apprĂȘts sont aussi bien mĂ©caniques, en visant Ă  modifier la surface, le toucher ou l’apparence d’un tissu par l’action physique de machines, que chimiques, par le dĂ©pĂŽt sur l’étoffe de produits de finition en dispersion, Ă©mulsion ou suspension. Parmi tous ces procĂ©dĂ©s, chaque vĂȘtement subit une quantitĂ© variable de traitements selon le rĂ©sultat final souhaitĂ©. Les objectifs principaux de l’ennoblissement sont d’amĂ©liorer l’apparence du textile pour des questions esthĂ©tiques, c’est-Ă -dire sa brillance, sa couleur ou sa douceur, et d’en modifier les propriĂ©tĂ©s fonctionnelles pour des questions pratiques, comme la rĂ©sistance Ă  l’eau, aux taches ou aux rayons UV.

La grande majoritĂ© des procĂ©dĂ©s d’ennoblissement font appel Ă  des produits toxiques que l’on retrouve aussi bien au niveau du prĂ©traitement, de la coloration et des apprĂȘts. Ces agents chimiques sont si nombreux qu’il serait impossible de tous les lister dans cette chronique et posent plusieurs problĂšmes d’ordre environnemental et sanitaire. Pour aborder cette problĂ©matique de maniĂšre succincte, notez que mĂ©taux lourds, colorants azoĂŻques, phtalates, hydrocarbures, pesticides et PFAS sont autant d’Ă©lĂ©lments toxiques que l’on retrouve. Ces diffĂ©rentes substances posent d’autant plus problĂšme Ă  cause de leur accumulation dans les organismes vivants et de leurs propriĂ©tĂ©s irritantes, allergĂšnes, endocrino-perturbatrices ou cancĂ©rigĂšnes. Ces diffĂ©rents agents parviennent Ă  pĂ©nĂ©trer notre organisme par trois voies principales. D’une part, le contact direct de notre peau avec les produits chimiques de nos vĂȘtements constitue une porte d’entrĂ©e Ă©vidente. L’humiditĂ© et la transpiration favorisent d’autant plus la libĂ©ration de ces substances qui, Ă  chaque frottement, vont traverser notre barriĂšre cutanĂ©e et respiratoire. Les propriĂ©tĂ©s bio-accumulatrices des agents chimiques offrent une seconde porte d’entrĂ©e importante vers notre organisme. En effet, de nombreux procĂ©dĂ©s d’ennoblissement nĂ©cessitent une grande quantitĂ© d’eau afin de dĂ©gorger les textiles : l’industrie textile est de ce fait responsable d’environ 20% de la pollution mondiale d’eau potable ! Ce traitement gĂ©nĂšre des dĂ©chets et des rĂ©sidus chimiques qui, s’ils ne sont pas correctement traitĂ©s, se retrouvent dans nos milieux aquatiques et infiltrent nos sols. Spoiler alert : les rĂšglementations de traitement des dĂ©chets chimiques sont rĂ©guliĂšrement enfreintes. En bout de course, toutes ces substances polluant notre environnement pĂ©nĂštrent notre organisme par voie orale en atterrissant directement dans nos assiettes.

* Textile, Ă©toffe et tissu sont des termes employĂ©s de façon synonyme dans la littĂ©rature pour dĂ©signer une matiĂšre destinĂ©e Ă  l’habillement. Toutefois, le tissu est en rĂ©alitĂ© une forme spĂ©cifique de textile dĂ©crivant une matiĂšre tissĂ©e. Le textiles peuvent en rĂ©alitĂ© ĂȘtre Ă©galement tricotĂ©s, crochetĂ©s, feutrĂ©s, etc


Comment agir ?
Voici une liste non exhaustive de conseils Ă  appliquer.

  • Concernant la coloration, favorisez des colorants naturels, des teintures Ă  sec et/ou aux tons clairs. Avec des encres Ă  base d’eau, l’impression numĂ©rique est l’une des techniques les plus Ă©cologiques. L’eau de javel est une substance Ă  proscrire pour le bien de votre peau et de l’environnement.
  • Favorisez des procĂ©dĂ©s d’ennoblissement tels que des traitements sans (ou Ă  faible) consommation d’eau, des technologies de finition sans produits chimiques ou moins polluants.
  • Des techniques futuristes et prisĂ©es voient le jour, notamment la teinture par CO2, micro-encapsulation ou nanotechnologies.
  • Favorisez des vĂȘtements apprĂȘtĂ©s par des techniques mĂ©caniques plutĂŽt que chimiques.
  • Pour embellir vos vĂȘtements, favorisez des techniques telles que la sĂ©rigraphie, le batik, la broderie au fil ou aux Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs. Veillez autant que possible Ă  la provenance des matĂ©riaux utilisĂ©s.

Cependant, le domaine de l’ennoblissement doit encore faire l’objet d’un grand intĂ©rĂȘt en matiĂšre de recherche, de lois et de labĂ©lisation afin de concilier performance des produits textiles et respect de l’environnement et de notre santĂ©.

A votre tour de jouer !
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4. Une histoire non sans chute

Nous avons abordĂ© dans la chronique prĂ©cĂ©dente les diffĂ©rents dĂ©chets chimiques dĂ©coulant des procĂ©dĂ©s d’ennoblissement. Bien qu’ils constituent la grande partie des rejets de l’industrie textile, une seconde forme de pollution, Ă  laquelle on pense moins souvent, existe bel et bien : les dĂ©chets textiles. Lorsqu’on parle de dĂ©chets textiles, nous pensons souvent aux vĂȘtements usagĂ©s et dĂ©labrĂ©s finissant leur vie en pleine nature pour l’éternitĂ© (ou presque). Ces derniers sont dits d’origine « domestique » et seront, d’ailleurs, le sujet d’une chronique Ă  venir. Au cours de la fabrication de nos vĂȘtements, une Ă©tape en particulier est toutefois responsable d’un autre type de gaspillage textile, dit d’origine « industrielle » : l’étape de la confection. Comme il s’agit d’une pratique industrielle, la plupart des gens ignorent complĂštement la gravitĂ© de ce problĂšme qui se joue dans l’envers du dĂ©cor. La confection est considĂ©rĂ©e comme la phase finale de production, juste avant que le produit ne quitte l’usine et passe au stade de la commercialisation. Elle consiste Ă  transformer la matiĂšre textile en vĂȘtement, une fois la matiĂšre premiĂšre rĂ©coltĂ©e et traitĂ©e par diffĂ©rents procĂ©dĂ©s d’ennoblissement. Pour ce faire, plusieurs Ă©tapes de dĂ©coupe et de transformation des Ă©toffes sont nĂ©cessaires, oĂč des chutes de matiĂšre sont inĂ©vitablement gĂ©nĂ©rĂ©es. Ce gaspillage, avant mĂȘme que la matiĂšre n’ait Ă©tĂ© commercialisĂ©e, dĂ©coule de facteurs divers et variĂ©s : complexitĂ© des modĂšles de conception, erreurs de dĂ©coupe, ajustements nĂ©cessaires pour maximiser l’utilisation du textile ou dĂ©fauts de la matiĂšre premiĂšre. Les pertes sont souvent difficiles Ă  quantifier prĂ©cisĂ©ment, en partie Ă  cause du manque de transparence des entreprises du textile. On estime toutefois que chaque annĂ©e, 53 millions de tonnes de textiles sont utilisĂ©es pour crĂ©er des vĂȘtements, parmi lesquelles 12 % sont gaspillĂ©es lors de la confection. Pour rĂ©sumer, chaque annĂ©e, 6.4 millions de tonnes de matiĂšre textile sont jetĂ©es avant mĂȘme de sortir de l’usine.

Ces pertes constituent un rĂ©el problĂšme aussi bien sur le plan Ă©conomique qu’environnemental et sanitaire. Du point de vue Ă©conomique, un tel gaspillage de matiĂšre inflige un coĂ»t non nĂ©gligeable aux entreprises de l’industrie textile, qui se rĂ©percute Ă©videmment sur le prix payĂ© par les consommateur·icexs. En effet, les coĂ»ts de production sont directement affectĂ©s par l’achat de matiĂšre supplĂ©mentaire nĂ©cessaire afin de compenser ces pertes. Le transport et la gestion des dĂ©chets textiles, lorsqu’ils ont lieu dans le respect des rĂšglementations en vigueur, engendrent des frais Ă©conomiques et Ă©nergĂ©tiques additionnels. En effet, les entreprises doivent payer pour l’Ă©limination des chutes crĂ©Ă©es ou leur gestion par des filiĂšres de recyclage, ce qui alourdit les charges financiĂšres. Ces dĂ©marches n’étant pas toujours menĂ©es comme il le faudrait, des tonnes de dĂ©chets textiles finissent leur vie dans notre belle nature. Comme abordĂ© au cours de prĂ©cĂ©dentes chroniques, les microplastiques composant les fibres synthĂ©tiques et les produits chimiques employĂ©s pour l’ennoblissement sont alors libĂ©rĂ©s dans notre environnement. Cette pollution pĂ©nĂštre alors l’eau et les Ă©lĂ©ments de notre chaine alimentaire, finissant directement sa course dans nos assiettes.

Comment agir ?

Les dĂ©chets issus de la confection (« d’origine industrielle ») Ă©tant en partie cachĂ©s aux yeux du public, encore trĂšs peu d’alternatives sont mises en place. Pour changer les choses, il est primordial que tous·texs.  les acteur·icexs impliqué·exs dans le cycle de vie des textiles agissent.

Liste non exhaustive de recommandations

  • Favorisez des textiles tricotĂ©s ou crochetĂ©s, car le travail se fait « en forme » et sans dĂ©coupe dans une Ă©toffe tissĂ©e.
  • Lorsque vous choisissez une Ă©toffe tissĂ©e, favorisez des crĂ©ations durables Ă  partir de patrons pensĂ©s « zĂ©ro dĂ©chet ». Cette option demande une certaine rĂ©flexion au moment de la conception, ce qui se rĂ©percute sur le prix des piĂšces. Rappelez-vous nĂ©anmoins que consommer moins et mieux est bĂ©nĂ©fique pour vos finances Ă  long-terme : les piĂšces durable ont une durĂ©e de vie bien plus longue !
  • Pensez aux crĂ©ations Ă  partir de chutes de tissus, en patchwork par exemple. Il se trouve qu’un merveilleux endroit existe Ă  GenĂšve pour permettre ce genre d’Ɠuvres : Histoire sans chute !
  • Du cĂŽtĂ© des matiĂšres synthĂ©tiques, les progrĂšs technologiques permettent aujourd’hui de faire appel Ă  l’impression 3D pour fabriquer des vĂȘtements sans chute ! Ces nouvelles technologies, qui attisent l’intĂ©rĂȘt du grand public aux maisons de luxe, sont une piste prometteuse Ă  explorer.
  • Au moment de la conception, il est important que les crĂ©ateur·icexs intĂšgrent une vraie rĂ©flexion autour de la seconde vie du vĂȘtement, notamment en facilitant la sĂ©paration des matĂ©riaux.
  • A nouveau chez les crĂ©ateur·icexs, partager les patrons « zĂ©ro dĂ©chet » en open access permettrait de limiter le temps de rĂ©flexion nĂ©cessaire Ă  chaque conception, ce qui rendrait les piĂšces « zĂ©ro dĂ©chet » plus accessibles.
  • Il est important de garder en tĂȘte que toute production et consommation devrait se faire pour rĂ©pondre Ă  un besoin. Dans notre Ă©conomie linĂ©aire actuelle, le postulat que « Tout vĂȘtements nouvellement crĂ©Ă© est un dĂ©chet. » rĂšgne.

A votre tour de jouer !
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5. Une vie ou un jean ?

Les Ă©tapes de production que nous avons explorĂ©es jusqu’à prĂ©sent prennent toutes place dans les usines textiles oĂč, vous devez vous en douter, l’ambiance contraste avec les rayons immaculĂ©s des points de vente que nous frĂ©quentons. Les enjeux relatifs Ă  l’industrie textile s’étendent au-delĂ  des problĂ©matiques environnementales prĂ©cĂ©demment abordĂ©es, tout comme ils dĂ©passent les dangers pour votre propre santĂ©. Si les vĂȘtements que vous portez s’avĂšrent nocifs pour votre organisme Ă  cause des substances chimiques rĂ©siduellement prĂ©sentes sur la matiĂšre, imaginez seulement les effets d’une telle exposition quotidienne. Et dĂ©cuplĂ©e. Les chercheur·eusexs s’étant penché·exs sur la santĂ© des ouvrier·Úrexs textiles sont formel·lexs : la production de jeans « sablĂ©s », un processus d’ennoblissement, entraĂźne une exposition importante Ă  la silice qui peut amener au dĂ©veloppement d’une silicose rapidement mortelle. Dommages aux organes, affaiblissement immunitaire, allergies, asthme et cancers sont tout autant de consĂ©quences reconnues des agents toxiques manipulĂ©s quotidiennement par les travailleur·eusexs textiles. L’ampleur du flĂ©au est incontestable, au point que l’Organisation Mondiale du Travail (OIT) a formellement Ă©mis des directives de sĂ©curitĂ© pour les industries du textile, du vĂȘtement, du cuir et de la chaussure. Ces directives sanitaires, tout comme celles environnementales, sont bien souvent violĂ©es par les multinationales de l’habillement. Les rĂ©percussions sur la santĂ© apparaissent nĂ©anmoins Ă  long terme, ce qui rend la relation de causalitĂ© particuliĂšrement difficile Ă  dĂ©montrer. Cependant, les mĂ©faits de l’industrie textile sur la vie des ouvrier·Úrexs ne s’arrĂȘte pas lĂ …

D’autres consĂ©quences visibles Ă  trĂšs court terme, telles que le salaire, le bien-ĂȘtre ou l’état des usines sont tout aussi problĂ©matiques. En 2020, le salaire minimum mensuel dans l’industrie du vĂȘtement s’élevait Ă  EUR 83 au Bangladesh, EUR 91 au Pakistan ou EUR 127 en Inde. Pour vous donner une idĂ©e du pouvoir d’achat que cela reprĂ©sente localement, sachez que ces salaires peuvent ĂȘtre deux Ă  sept fois infĂ©rieurs au salaire moyen national de chacun des trois pays citĂ©s. Le droit du travail laisse Ă©galement (Ă©normĂ©ment) Ă  dĂ©sirer : en Tunisie, une usine a fermĂ© du jour au lendemain sans verser d’indemnitĂ©s. Tandis que la bien-ĂȘtre des ouvrier·Úrexs textiles est inexistant sur leur lieu de travail, cela pourrait (presque) sembler dĂ©risoire en comparaison aux diverses tragĂ©dies entachant l’industrie textile moderne, Ă  raison. La plus retentissante d’entre toutes, l’effondrement de l’usine du Rana Plaza en 2013 Ă  Dacca, au Bangladesh, a causĂ© la mort de 1 135 travailleur·eusexs. MalgrĂ© l’apparition de fissures sur le bĂątiment et l’ordonnance d’évacuation immĂ©diatement lancĂ©e, les employé·exs des ateliers textiles ont Ă©tĂ© sommé·exs de venir travailler sans tenir compte de leurs protestations. Une heure aprĂšs la mise en route des machines Ă  coudre, les vibrations ont inĂ©vitablement provoquĂ© l’effondrement de l’immeuble.

La survenue d’un tel drame, pour ne citer que lui, est directement liĂ©e Ă  la logique de surproduction caractĂ©ristique de la fast fashion. C’est ce modĂšle du « toujours plus » qui pousse au sacrifice de vies humaines (tout comme de notre planĂšte) au profit des bĂ©nĂ©fices Ă©conomiques d’une poignĂ©e de super-riches. Face Ă  cette rĂ©alitĂ©, il est primordial que chacun·ex fasse le choix de suivre les valeurs morales qui lui semblent justes.

Comment agir ?

Liste non exhaustive de recommandations

  • Le label social le plus complet sur le marchĂ© aujourd’hui est le « Fairtrade Max Hevelaar ». Respect de la convention fondamentale de l’OIT, versement d’un salaire vital, normes de santĂ© et sĂ©curitĂ©, dispositions sociales, prix minimum, primes sociales et standards du commerce Ă©quitable sont tous les critĂšre sociaux considĂ©rĂ©s.
  • Le label « BioRé » est un label particuliĂšrement complet sur le plan social, qui prend Ă©galement en compte diffĂ©rentes dimensions environnementales. Il est le parfait
  • Les labels coĂ»tent cher et toutes les petites marques Ă©thiques peuvent rarement supporter de tels coĂ»ts. Ainsi, l’adoption d’une philosophie de transparence concernant les moyens de production peut Ă©galement ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un gage d’éthique sociale et environnementale.
  • En l’absence de labels, favorisez autant que possible les vĂȘtements fabriquĂ©s en Europe. Bien que cela ne soit pas toujours synonyme d’éthique, les lois du travail y restent gĂ©nĂ©ralement plus exigeantes et appliquĂ©es que sur d’autres continents.
  • PrivilĂ©giez les circuits courts : lorsque vous ĂȘtes en voyage, essayer d’acheter vos confections textiles directement auprĂšs d’artisan·exs ou designeur·eusexs locau·lexs en les payant dĂ©cemment.
  • Soutenez autant que possible les associations luttant pour le droit des travailleur·eusexs du textiles, aussi bien par une aide financiĂšre ou que des actions concrĂštes. Par exemple, le rĂ©seau d’organisations syndicales et d’ONG « Clean Clothes Campaign », le plus important dans ce domaine, contribue activement Ă  visibiliser les injustices sociales dans l’industrie. En Suisse, l’association Public Eye est particuliĂšrement active, pour ne citer qu’elle.

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6. Une mode mondiale

Chaque Ă©tape de production d’un vĂȘtement fait appel Ă  un savoir-faire spĂ©cifique : culture de la fibre naturelle, Ă©levage de l’animal, extraction du pĂ©trole, filage, tissage, anoblissement, dĂ©coupe et couture sont autant de procĂ©dĂ©s mobilisant des corps de mĂ©tier rĂ©partis aux quatre coins du monde. Ce constat met en Ă©vidence une nouvelle problĂ©matique fondamentale de la fast-fashion, la mondialisation. Ce phĂ©nomĂšne en constante expansion depuis le dĂ©but du siĂšcle ne se limite pas seulement Ă  l’industrie textile, mais touche Ă©galement Ă  notre alimentation, nos loisirs et tout autre type de consommation. Toutefois, les trĂšs nombreuses Ă©tapes de transformation subies par les vĂȘtements avant d’arriver dans nos rayons rend la mondialisation de ce secteur d’autant plus problĂ©matique, car chacune de ces Ă©tapes provoque fatalement un nouveau transport. En somme, il est important de retenir que la mondialisation de l’industrie textile constitue une menace aussi bien sur le plan environnemental que social.

D’une part, les Ă©missions carbone gĂ©nĂ©rĂ©es par les nombreux voyages de nos vĂȘtements ont une influence nĂ©faste sur notre climat. Les matiĂšres premiĂšres naturelles proviennent essentiellement d’Australie, d’Afrique et d’AmĂ©rique du Sud, tandis que le pĂ©trole des matiĂšres chimiques est principalement extrait aux Etats-Unis ou en Arabie Saoudite. Ces matiĂšres voyagent jusqu’en Inde ou au Pakistan afin d’ĂȘtre filĂ©es. De lĂ , le fil est transformĂ© en matiĂšre textile dans diffĂ©rents pays d’Europe de l’Ouest, en Chine ou au Japon. AprĂšs cette Ă©tape, le moment vient enfin de confectionner le vĂȘtement par divers processus de dĂ©coupage et assemblage. Pour ce faire, la matiĂšre textile est acheminĂ©e vers diffĂ©rents pays d’Europe de l’Est, d’Asie du Sud ou d’Afrique du Nord. Une fois la production du vĂȘtement terminĂ©e, ce dernier est finalement distribuĂ© Ă  l’échelle mondiale. Quel est le rĂ©sultat de cette succession de voyages ? Un parcours de prĂšs de 65’000 km, soit 1,5 fois le tour de la Terre ! Il est important de noter que ce bilan ne comprend pas les kilomĂštres effectuĂ©s aprĂšs l’achat du produit, une fois que les consommateur·icexs s’en dĂ©barrassent. Cet enjeu relativement mĂ©connu de la fin de vie du vĂȘtement constitue en rĂ©alitĂ© l’enjeu ultime de l’industrie textile, que nous aborderons en profondeur Ă  l’occasion d’une prochaine chronique. Ces derniĂšres annĂ©es, les marchandises Ă©taient principalement acheminĂ©es par voie terrestre ou maritime. Cependant, le transport par voie aĂ©rienne est actuellement en plein essor, les multinationales de l’habillement cherchant Ă  satisfaire le rythme de demande toujours plus effrĂ©nĂ© imposĂ© par le modĂšle de fast-fashion.

Du point de vue des consĂ©quences sociales, le constat n’est pas non plus fameux, tant pour les consommateur·icexs que pour les pays producteurs. En effet, la mondialisation du secteur textile (comme des autres secteurs) a entraĂźnĂ© un glissement des pouvoirs de marchĂ© des producteurs vers les grands distributeurs. Ce nouveau paradigme se traduit inĂ©vitablement par une redistribution inĂ©quitable des bĂ©nĂ©fices. Lorsque vous achetez un jean par exemple, 45% du montant payĂ© est destinĂ© au dĂ©taillant, 40% Ă  la marque, 15% couvrent des coĂ»ts divers et de 1.5 Ă  5% reviennent aux ouvrier·Úrexs du textile. De plus, la baisse de qualitĂ© des produits et des conditions de travail introduite par le Sud global rend toute compĂ©titivitĂ© difficile, voire impossible, pour les producteur·icexs europĂ©en·nexs.

Comment agir ?

Liste non exhaustive de recommandations

  • Pour lutter contre la mondialisation, le maitre-mot est de toujours s’informer ! Aucun label ne permet aujourd’hui de certifier qu’un produit est entiĂšrement originaire de Suisse, de ses matiĂšres premiĂšres Ă  sa confection. Afin de sourcer la matiĂšre et s’informer sur la traçabilitĂ© du produit, le mieux est d’échanger directement avec les artisan·nexs.

  • Dans la mĂȘme optique, favorisez des achats directs auprĂšs d’acteur·icex du textile que vous connaissez, afin de s’assurer d’un circuit court et idĂ©alement local. Ceci permet de rĂ©duire les intermĂ©diaires de production et, par consĂ©quent, de rĂ©duire les voyages.

  • Le label « Swiss made » garantit que 60% des coĂ»ts de fabrication et que l’Ă©tape essentielle de fabrication ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s en Suisse. Il ne renseigne pas sur l’origine des matiĂšres premiĂšres mais reste prĂ©fĂ©rable au label « Made in Europe » du point de vue social : dans certains pays d’Europe, les salaires sont infĂ©rieurs Ă  ceux de la Chine ou du Cambodge !

  • Les services de retour frĂ©quemment offerts par les marques sont Ă©galement Ă  proscrire afin de rĂ©duire l’empreinte carbone de vos vĂȘtements. En plus d’inciter Ă  la surconsommation, cette stratĂ©gie de vente implique moult transports supplĂ©mentaires.

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7. Et aprĂšs... ?

Bien que nous ayons consacrĂ© les sept prĂ©cĂ©dentes chroniques aux enjeux de production de l’industrie textile moderne, cette Ă©tape n’est pas nĂ©cessairement la plus environnementalement couteuse. Vous ĂȘtes-vous dĂ©jĂ  demandĂ© ce que devenaient vos vĂȘtements une fois que vous vous en dĂ©barrassiez ? La question de l’issue finale des textiles, aprĂšs qu’ils aient Ă©tĂ© produits et portĂ©s, est mĂ©connue et rarement explorĂ©e. En rĂ©alitĂ©, trois options sont envisageables : la matiĂšre est exportĂ©e vers des pays africains (principalement), incinĂ©rĂ©e dans nos centres d’incinĂ©ration ou pourvue d’une seconde vie par des structures prĂŽnant la circularitĂ© telles qu’Histoire sans chute. 6 kg de vĂȘtements par personne sont collectĂ©s chaque annĂ©e en Suisse, sans compter ceux qui finissent dans les ordures mĂ©nagĂšres. Au total, les quantitĂ©s ainsi collectĂ©es chaque annĂ©e se montent Ă  prĂšs de 50 000 tonnes en Suisse ! A cela s’ajoutent d’autres textiles prĂ©sentant des mĂ©langes complexes de fibres qui ne peuvent ĂȘtre collectĂ©s, moquettes, rembourrages, et matĂ©riaux d’isolation par exemple, ainsi que les textiles inutilisables, trop sales ou abĂźmĂ©s. À GenĂšve, l’association Coordination Textile Genevoise (CTG) associant Caritas, la Croix-Rouge genevoise, le Centre Social Protestant, EmmaĂŒs et Terre des hommes rĂ©cupĂšre les vĂȘtements, textiles et chaussures usagĂ©es grĂące aux conteneurs dissĂ©minĂ©s sur le canton. En 2022, prĂšs de 2’500 tonnes de dons ont Ă©tĂ© rĂ©coltĂ©s et environ un tiers d’entre eux ont pu ĂȘtre triĂ©s et redistribuĂ©s localement ! Cette solution s’inscrit dans une logique de circularitĂ©, une solution optimale car elle produit zĂ©ro dĂ©chet. Malheureusement, le rĂ©gime de la fast fashion et la culture de la « mode jetable » cantonnent ces pratiques sociales prolongeant la durĂ©e de vie des vĂȘtements au second plan.

En raison du manque de main d’Ɠuvre dont souffrent les organisations caritatives genevoises, plus de 60% des dons sont finalement vendus dans des sacs fermĂ©s Ă  TEXAID. En effet, les associations caritatives n’ont pas la capacitĂ© de trier ne serait-ce qu’un tiers des articles entrants, car les dons dans les BoĂźtes Ă  fringues ont Ă©tĂ© multipliĂ©s par 10 de 1994 Ă  2022. En raison de cette augmentation spectaculaire et d’un contrat d’exclusivitĂ© avec les associations caritatives de GenĂšve, les achats des vĂȘtements de seconde main par la sociĂ©tĂ© germano-suisse TEXAID ont explosĂ©. D’aprĂšs l’entreprise commerciale, environ 42% de la matiĂšre qu’elle achĂšte est considĂ©rĂ©e comme non apte Ă  ĂȘtre portĂ©e. Celle-ci est en principe recyclĂ©e en chiffons (17%) ou en matĂ©riaux isolants (17%), alors que 8% du volume collectĂ© est incinĂ©rĂ©. Mais alors que deviennent les 58% d’habits restants ?? Tandis que l’incinĂ©ration des matiĂšres textiles est problĂ©matique en raison des fortes Ă©manations de produits chimiques toxiques, les 58% d’habits restants finissent dans des dĂ©charges Ă  ciel ouvert, des cours d’eau et des ocĂ©ans. Évidemment, cette pollution Ă  dĂ©couvert n’a pas lieu dans nos pays occidentaux. Les textiles quittant la Suisse, prĂšs de 100’000 tonnes chaque annĂ©e, sont d’abord exportĂ©s vers l’Europe (Allemagne et pays d’Europe de l’Est), avant de partir vers l’Afrique via des paquebots. En raison de la nature synthĂ©tique de la majoritĂ© de nos vĂȘtements, leur biodĂ©gradation est impossible. Ajoutez Ă  cela la libĂ©ration des microplastiques et des matiĂšres chimiques et vous obtiendrez l’ÉNORME problĂ©matique de l’industrie textile moderne. Non seulement cette pollution empĂȘche les matiĂšres avoisinantes de se biodĂ©grader en bloquant l’accĂšs de l’oxygĂšne, mais elle nuit Ă©galement gravement Ă  la biodiversitĂ©. En s’infiltrant dans nos cours d’eau et nos ocĂ©ans, les dĂ©chets textiles retournent sous une forme dĂ©composĂ©e chez nous, dans nos assiettes : la boucle est finalement bouclĂ©e.

 

Comment agir ?

Liste non exhaustive de recommandations

  • Essayez de soutenir autant que possible les associations membres de la Coordination Textile Genevoise proches de chez vous. Bien que les aides financiĂšres soient essentielles, sachez que votre temps est un don particuliĂšrement prĂ©cieux. En plus de donner un rĂ©el sens Ă  votre temps libre, participer au tri des vĂȘtements vous permettra de faire des rencontres enrichissantes.
  • Adoptez le rĂ©flexe de donner une seconde vie aux vĂȘtements. Les Ă©changes entre proches, vides-dressing, techniques d’upcycling, friperies physiques ou en ligne sont autant d’option disponibles, de plus en plus prisĂ©es des nouvelles gĂ©nĂ©rations. FinanciĂšrement avantageuses, elles sont particuliĂšrement Ă  la mode et porteuses de valeurs durables.
  • Toujours dans une logique de circularitĂ©, tournez-vous vers le troc. A effectuer entre ami·exs ou par le biais d’une association telle que Sipy, cette pratique ancestrale permet de renouveler sa garde-robe Ă  moindre coĂ»t.
  • Au lieu d’acheter des tenues Ă  chaque occasion spĂ©ciale qui se prĂ©sente (mariages, remises de diplĂŽmes, etc
), pensez plutĂŽt Ă  la location. Cette pratique mĂ©connue mais pourtant rĂ©pandue (mĂȘme chez les cĂ©lĂ©britĂ©s !) permet un gain de place dans votre garde-robe, en plus des Ă©conomies financiĂšres Ă©videntes.
  • Si vos vĂȘtements sont irrĂ©cupĂ©rables, trop sales et abĂźmĂ©s, jetez-les aux ordures mĂ©nagĂšres plutĂŽt que dans un les conteneurs de la Coordination Textile Genevoise (CTG). Cela Ă©vitera le risque qu’ils nuisent Ă  la biodiversitĂ© et finissent dans nos assiettes.

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8. Mieux ET moins

GrĂące Ă  votre lecture assidue des chroniques prĂ©cĂ©dentes, la nature des enjeux de l’industrie textile moderne ne devraient plus avoir aucun secret pour vous
 N’est-ce pas ? Pour tenter de rĂ©duire les effets nĂ©fastes de chaque Ă©tape de production, nous avons Ă©galement abordĂ© diffĂ©rents conseils Ă  appliquer quotidiennement chez soi avec sa garde-robe. La chronique de cette semaine s’inscrit dans la continuitĂ© de cette logique, tout en soumettant la problĂ©matique de la fast fashion Ă  un niveau de rĂ©flexion plus profond. En effet, tous les conseils proposĂ©s au fil des chroniques constituent un pas concret vers une consommation plus responsable de la mode. AppliquĂ©s ensemble, ils constituent un levier de changement rĂ©el pouvant rĂ©duire significativement les dĂ©chets textiles polluant notre planĂšte. Toutefois, il est primordial que la mise en place de ces initiatives s’accompagne d’une intention globale de rĂ©duction de consommation. En d’autres termes, veiller Ă  la qualitĂ© de ce que l’on consomme mais Ă©galement Ă  sa quantité : consommer mieux ET moins.

Dans les pays voisins, des mesures encadrant la surproduction textile sont gentiment mises en place. Depuis 2009, la Semaine europĂ©enne de la rĂ©duction des dĂ©chets (SERD) vise Ă  proposer des actions de sensibilisation sur la rĂ©duction des dĂ©chets en rĂ©unissant des participant·exs partout en Europe. En France, une proposition de loi Ă©mergeant de cet Ă©vĂšnement et visant Ă  encadrer les entreprises de fast fashion a Ă©tĂ© adoptĂ©e le 14 mars 2024 Ă  l’AssemblĂ©e nationale. La validation de ce texte par le SĂ©nat constituerait une vĂ©ritable avancĂ©e dans la lutte contre la surconsommation textile. En plus d’imposer l’affichage de messages de sensibilisation Ă  l’impact environnemental des produits et d’encouragement Ă  la sobriĂ©tĂ©, le texte prĂ©voit Ă©galement la mise en place Ă  partir du 1er janvier 2025 un Ă©co-score sur les Ă©tiquettes, le renforcement du malus Ă©cologique des articles et l’interdiction de publicitĂ© pour les marques de fast fashion. A l’échelle de l’Union EuropĂ©enne, la Commission de l’environnement a adoptĂ© en 2024 une proposition ordonnant aux entreprises importatrices de textiles de couvrir les coĂ»ts de la collecte sĂ©parĂ©e, du tri et du recyclage de ces-derniers. De plus, le texte rend obligatoire l’introduction d’un passeport-produit contenant des spĂ©cifications sur l’origine et la composition des matĂ©riaux, simplifiant au passage le tri et le recyclage des textiles usagĂ©s. Enfin, l’exportation de textiles pour une Ă©limination Ă  l’étranger est rendue plus difficile, notamment grĂące Ă  des contrĂŽles. Bien que l’adoption de telles mesures soit un processus particuliĂšrement lent, il s’agit d’une Ă©tape absolument essentielle pour un changement de pratiques Ă  large Ă©chelle
 Mais qu’en est-il de la Suisse ? Le gouvernement manque cruellement d’initiative pour remĂ©dier Ă  l’absence de transparence des entreprises de fast fashion. En effet, la ConfĂ©dĂ©ration HelvĂ©tique peine Ă  innover sur le plan juridique et prĂ©fĂšre se calquer sur ce qui aura Ă©tĂ© adoptĂ© par ses voisins de maniĂšre dĂ©finitive. Un processus qui, nous l’avons vu, prend dĂ©jĂ  beaucoup de temps. Pourtant, en 2018 dĂ©jĂ , l’Office fĂ©dĂ©ral de l’environnement (OFEV) et le SecrĂ©tariat d’État Ă  l’Ă©conomie (SECO) organisaient le « Future Lab Sustainable Textiles and Clothing Switzerland » visant Ă  dessiner le point de dĂ©part d’un dialogue suisse sur la durabilitĂ© dans l’ensemble des chaĂźnes de valeur textiles. Cet Ă©vĂšnement a fait Ă©merger diffĂ©rents objectifs, obstacles et initiatives intĂ©grĂ©es au programme Sustainable Textiles Switzerland 2030 visant Ă  rĂ©aliser les objectifs de dĂ©veloppement durable (ODD) dans le secteur suisse du textile et de l’habillement.

 

Comment agir ?

Liste non exhaustive de recommandations

  • Au lieu d’acheter, prolongez au maximum la durĂ©e de vie de vos vĂȘtements en les rĂ©parant ou upcyclant ! Pour les dĂ©butant·exs, Histoire sans chute propose rĂ©guliĂšrement des ateliers sur inscription. De nombreux tutoriels sont Ă©galement accessibles sur Youtube.
  • Favorisez les achats dans des boutiques physiques. En prenant le temps d’observer les vĂȘtements, de les toucher et de les essayer, votre achat sera nĂ©cessairement plus rĂ©flĂ©chi qu’une transaction effectuĂ©e en ligne. En plus, cette dĂ©marche vous permettra de moins retourner vos achats.
  • Lorsqu’un article vous plaĂźt, ne l’achetez pas immĂ©diatement. Prenez-le en photo et/ou inscrivez-le sur une liste de souhaits afin de vous laisser quelques jours de rĂ©flexion. Cette dĂ©marche donnera encore plus de valeur Ă  votre achat, car vous vous serez assuré·ex qu’il a du sens pour vous.
  • A chaque fois que vous seriez tenté·ex d’acheter un article de fast fashion, repensez Ă  tous les coĂ»ts environnementaux et sociaux de cette industrie. GrĂące aux Chroniques sans chute, elle n’ont plus aucun secret pour vous. Actez ces intentions Ă  l’écrit, par exemple : « Si je songe Ă  entrer dans une enseigne de fast fashion en rentrant du travail, alors je visualise les plages polluĂ©es du Ghana. »
  • Comme motivateur supplĂ©mentaire, gardez en tĂȘte que rĂ©duire votre (sur)consommation de vĂȘtements vous fera toujours Ă©conomiser de l’argent. Ce budget pourrait par exemple ĂȘtre consacrĂ© Ă  une alimentation bio et locale, ou Ă  votre prochaine sortie en famille !
  • Ne tombez pas dans le piĂšge de la seconde main. Cette pratique est une excellente option pour une consommation plus responsable, mais elle n’appelle pas nĂ©cessairement Ă  rĂ©duire sa consommation. Or, la clĂ© de la durabilitĂ© consiste Ă  consommer mieux ET moins.

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9. Des enjeux universels

S’il Ă©tait question d’une simple poignĂ©e d’individus adoptant des comportements de surconsommation, notre planĂšte ne se trouverait pas aux limites de ses capacitĂ©s comme aujourd’hui. Ce qui rend la situation environnementale si critique dĂ©coule non seulement de la surconsommation per se, mais Ă©galement de la tendance quasi universelle des ĂȘtres humains Ă  succomber Ă  cette pratique. Des valeurs aux normes sociales, en passant par les ressources cognitives limitĂ©es de notre cerveau : bon nombre de mĂ©canismes psychologiques permettent d’expliquer pourquoi de plus en plus de personnes adhĂ©rĂšrent Ă  la fast fashion malgrĂ© une urgence climatique grandissante. Du point de vue Ă©volutionniste, les capacitĂ©s cognitives humaines se sont adaptĂ©es au fil des siĂšcles selon la pression de la sĂ©lection naturelle. Durant longtemps, le principal souci de notre espĂšce a Ă©tĂ© de garantir sa survie (au dĂ©triment de celle des autres) en se projetant uniquement sur l’instant prĂ©sent, car mĂȘme le futur le plus proche Ă©tait incertain. Ces contraintes se traduisent aujourd’hui sur notre cerveau. Nous aurions par exemple une prĂ©disposition Ă  assouvir nos intĂ©rĂȘts personnels le plus rapidement possible, plutĂŽt que de penser aux autres dans un futur relativement lointain. Bien que de telles prĂ©dispositions soient Ă  considĂ©rer, c’est la rĂ©alitĂ© limitĂ©e de nos capacitĂ©s Ă  traiter notre environnement qui impacte d’autant plus nos choix de (sur)consommation. Avez-vous dĂ©jĂ  entendu parler de l’architecture du choix ? Cette approche exploite justement ces limites de ressources cognitives afin d’induire un comportement souhaitable, pour le bien-ĂȘtre de notre planĂšte par exemple. Toujours dans le strict respect de critĂšres Ă©thiques, Ă©videmment. Sur le plan affectif, il est important de souligner l’influence des valeurs sur les comportements adoptĂ©s. Les rĂ©seaux sociaux ont explosĂ© ces derniĂšres annĂ©es et, avec eux, le paraitre et la superficialitĂ© caractĂ©ristiques des valeurs hĂ©doniques. Or, les personnes aux valeurs hĂ©doniques ont tendance Ă  choisir l’option disponible la moins Ă©nergivore, incommode et financiĂšrement couteuse possible. Telle que la fast fashion. Ces valeurs justement, sont en partie dictĂ©es par les normes sociales. Mais c’est quoi au juste, une norme sociale ? Il s’agit de schĂ©mas que tout un chacun adopte pour valoriser son estime de soi, un besoin fondamental, et qui se basent aussi bien sur les actions de l’entourage social que sur ses attentes. Les normes sociales sont essentielles pour saisir les raisons d’une telle universalitĂ© dans les pratiques de surconsommation : si nos ami·exs, influenceur·eusexs prĂ©fĂ©ré·exs et idoles surconsomment, alors surconsommer devient un comportement souhaitable pour booster notre estime de soi. Mais pas de panique, des outils existent pour changer les choses ! En mettant en avant des valeurs tournĂ©es vers l’altruisme plutĂŽt que l’hĂ©donisme, les personnes deviennent plus enclines Ă  faire des concessions sur leur confort (ou budget) personnel au profit d’autrui et de l’environnement.

Cet angle d’approche offert par les sciences du comportement permet de rĂ©aliser Ă  quel point les mĂ©canismes dĂ©cisionnels sont universels. Et ainsi le sont Ă©galement leurs rĂ©percussions. De prĂšs ou de loin, certain·exs plus de d’autres, nous sommes tous·texs responsables d’en finir avec les mĂ©faits de l’industrie textile. Et nous sommes tous·texs exposé·exs Ă  leurs consĂ©quences. Au cours de chroniques prĂ©cĂ©dentes, nous avons abordĂ© les rĂ©percussions de l’industrie textile moderne sur les plages d’Afriques, qui se rĂ©percutent indirectement dans nos assiettes via la faune et la flore aquatiques notamment. Mais les Ă©missions de CO2  de cette industrie (et de toutes les autres) ont Ă©galement un impact imminent sur notre climat : incendies, inondations et intensification des canicules chaque Ă©tĂ© sont autant de phĂ©nomĂšnes touchant de plus en plus nos milieux de vie.

 

Comment agir ?

Liste non exhaustive de recommandations

  • Votez et participez autant que possible aux actions civiques ! On ne s’en rend pas forcĂ©ment compte, mais ces comportements sont parmi les plus impactants pour soutenir des initiatives en faveur du dĂ©veloppement durable.
  • Si vous souhaitez rĂ©duire votre consommation de vĂȘtements mais ne savez pas comment concrĂ©tiser cette rĂ©solution, pensez Ă  rĂ©amĂ©nager votre environnement physique ! Par exemple, vous pouvez dĂ©sinstaller vos applications de fast fashion ou rapetisser la taille de votre dressing au profit d’un espace de mĂ©ditation.
  • Propagez des valeurs altruistes autour de vous. Nous l’avons vu, l’intĂ©riorisation de ce sentiment facilite l’adoption de comportements plus durables.
  • Lorsque vous sensibilisez votre entourage au dĂ©veloppement durable, adoptez une posture crĂ©dible, non moralisatrice et de “communicateur·icex converti·ex ” : « Avant moi aussi je faisais les soldes chez Zara, mais j’ai arrĂȘtĂ© depuis que j’ai lu les Chroniques sans chuteÂ đŸ™‚Â Â».
  • MĂȘme s’il peut arriver que la confrontation Ă  des convictions opposĂ©es s’avĂšre frustrante, Ă©vitez de tomber dans la confrontation. Rien que le fait d’ouvrir de nouveaux possibles chez vos interlocuteur·icexs est un premier pas trĂšs gratifiant.
  • Ne baissez pas les bras ! Nous avons tous·texs un rĂŽle Ă  jouer et votre propre voix a de l’importance. Vous n’avez pas besoin d’avoir une grande tribune d’expression pour convaincre les gens qui vous entourent : la proximitĂ© physique et relationnelle que vous partagez a bien plus de pouvoir que vous ne le pensez.

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10. Outroduction

Cette semaine, les Chroniques sans chute touchent Ă  leur fin. Avant de mettre un point final Ă  cette magnifique aventure, il me tient Ă  cƓur d’apporter deux nuances autour des mĂ©faits de l’industrie textile et de ses consĂ©quences. Au sujet de la notion d’« inĂ©galitĂ© Ă©cologique » pour commencer. En effet, lors de la chronique prĂ©cĂ©dente, j’affirmais que nous Ă©tions tous·texs exposé·exs aux consĂ©quences nĂ©fastes de l’industrie textile. Bien que cette affirmation soit tout Ă  fait correcte, il faut souligner que tout le monde n’est pas exposĂ© Ă  ces consĂ©quences de maniĂšre Ă©gale. Comme bien souvent, les personnes les plus dĂ©favorisĂ©es souffrent de façon disproportionnĂ©e de la pollution environnementale produite, principalement, par les personnes les plus aisĂ©es. Si les incendies de Los Angeles ont montrĂ© que personne ne serait Ă©pargnĂ©, la situation des personnes dĂ©logĂ©es Ă  Pacific Palisades n’est comparable en aucun point avec celle des familles touchĂ©es par le cyclone Chido Ă  Mayotte, par exemple. Le constat est sans Ă©quivoque : plus on a d’argent, plus on a les moyens de se protĂ©ger du dĂ©sastre Ă©cologique.

Par ailleurs, il me parait Ă©galement nĂ©cessaire de nuancer l’universalitĂ© de nos responsabilitĂ©s face aux mĂ©faits de l’industrie textile. En incitant Ă  l’action individuelle, les Chroniques sans chute ne visent pas Ă  minimiser la responsabilitĂ© des dirigeant ·exs, loin de lĂ . Vous avez sĂ»rement dĂ©jĂ  entendu ou pensĂ© “Ce sont les PDG qui polluent” ou alors “C’est aux lois de changer”. Loin d’ĂȘtre fausses, ces affirmations poussent toutefois au « triangle de l’inaction ». En se pointant successivement du doigt, les États, entreprises et individus se retrouvent dans une situation de blocage collectif freinant la mise en place d’initiatives durables. Évidemment, si Donald Trump et Jeff Bezos se rĂ©veillaient Ă©colos demain, l’humanitĂ© aurait infiniment plus de chances d’atteindre les objectifs des Accords de Paris. Dans l’attente de ce miracle, il faut se rappeler qu’en tant qu’individu, chacun·ex est forcĂ©ment affilié·ex Ă  un groupe, Ă  une organisation (associations, clubs, entreprises
) ou Ă  une institution (quartier, université ). À ces Ă©chelles dĂ©jĂ , nous sommes tous·texs porteur·eusexs d’une possibilitĂ© de changement. En effet, le bon niveau d’action se situerait au niveau des communautĂ©s de 10 000 personnes, soit environ le nombre d’habitant du Grand-Saconnex ou d’employé·exs chez Manor SA. En somme, pas besoin d’ĂȘtre prĂ©sident des Etats-Unis pour changer les choses (et heureusement !). Des changements locaux et bien ciblĂ©s peuvent tout Ă  fait amener Ă  une multiplication exponentielle des impacts positifs.

Pour conclure, l’objectif principal de ces rendez-vous hebdomadaires Ă©tait de sensibiliser le public aux enjeux de l’industrie textile moderne. Consciente que les mĂ©dias se veulent souvent pessimistes ou culpabilisateurs, j’ai mis un point d’honneur Ă  adopter autant que possible une approche encourageante malgrĂ© les constats prĂ©occupants. La mission ultime de ces chroniques Ă©tait d’également proposer des recommandations applicables au quotidien de tous·texs. Il arrive rĂ©guliĂšrement que les personnes aient connaissance d’un problĂšme et souhaitent agir, sans pour autant rĂ©ussir Ă  concrĂ©tiser cette volontĂ©. FreinĂ©es par un manque de motivation, de moyens ou tout simplement ne sachant pas comment s’y prendre, ces contradictions font alors Ă©merger un sentiment dĂ©sagrĂ©able et dĂ©courageant. C’est pour toutes ces personnes, pour vous trĂšs cher·Úrexs lecteur·icexs, que les Chroniques sans chute ont Ă©tĂ© pensĂ©es. En espĂ©rant qu’elles vous aient accompagné·exs vers la concrĂ©tisation d’une garde-robe plus respectueuse de l’environnement, je vous remercie pour cette aventure.

Durablement vĂŽtre,

Alessandra

Bibliographie

0. Les sept péchés de la fast fashion

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1. L’illusion des matiĂšres naturelles

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Lasclay. Asclépiade: pilier des écosystÚmes et isolant végétal haute performance. https://lasclay.com/pages/milkweed-asclepiade?srsltid=AfmBOork7emcplcXX4BguOjFCCETl5gxlIeFYC5GnU1f188dVv6mRe4R

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PETA France. La barbarie du commerce de la fourrure. https://www.petafrance.com/nos-campagnes/habillement/la-barbarie-du-commerce-de-la-fourrure/

PETA France. L’industrie de la soie. https://www.petafrance.com/nos-campagnes/habillement/lindustrie-de-la-soie/

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2. Le macro-problĂšme des microplastiques

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3. Rien de noble dans l’ennoblissement

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4. Une histoire non sans chute

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5. Un jean ou une vie ?

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7. Et aprĂšs… ?

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8. Mieux et moins

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9. Des enjeux universels

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10. Outroduction

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